Soyez les bienvenus ! Le blog du Projet « Des Livres et des Ailes » partage avec vous des histoires pour tous les âges – pour les plus petits et les moins petits… – aussi bien que des textes de réflexion, des poèmes, des pensées et des cartes postales. Contes à rêver… POUR VIVRE AUTREMENT !
La maman d’Augustin est une maman trop pressée. Tous les jours, son fils sous le bras, elle court au supermarché. Pour aller plus vite, elle achète toujours les mêmes choses : des œufs, une tranche de saumon, cinq aubergines, des assiettes en papier (elle est tellement pressée qu’elle n’a même pas le temps de faire la vaisselle). Elle prend aussi plusieurs paquets de biscuits car elle grignote tout le temps. Elle parcourt les rayons à toute allure, bousculant les clients bavards et les vieilles dames indécises. Aujourd’hui, en lançant les aubergines dans son chariot, elle se retourne pour s’apercevoir que… son Augustin a disparu ! — Aïe ! aïe ! aïe ! Mais où est-il passé ? se dit-elle en le cherchant du regard. Cette histoire va encore me mettre en retard ! — Augustin ! Augustin ! crie-t-elle. Heureusement, au bout de quelques minutes, elle l’aperçoit sur le parking, juste devant le magasin. Il traîne, le nez en l’air, entre les voitures. Prenant ses jambes à son cou, la maman trop pressée quitte le rayon légumes et se précipite sur le parking. Il cueille tranquillement des fleurs dans le gazon. La maman le saisit par le bras et l’entraîne vers le supermarché. — Viens vite, Augustin ! On est en retard, mon petit. Dépêche-toi, vite, vite ! Mais Augustin a un drôle de regard… — Pourquoi me fais-tu la tête, Augustin, mon chéri ? lui demande-t-elle. Et qu’as-tu mis dans tes cheveux ? En effet, cet Augustin porte un magnifique nœud rouge dans ses boucles… — Et où as-tu mis tes baskets ? l’interroge-t-elle en désignant ses souliers vernis. — Lâchez-moi, Madame ! Qu’est-ce qu’il vous prend ? Je ne m’appelle pas Augustin, moi ! D’abord, mon père va vous punir. Vous êtes une voleuse d’enfants et je vais vous dénoncer… Je suis une princesse, et je peux vous expédier en prison immédiatement ! Mais la maman, trop pressée pour avoir peur, a déjà disparu. Elle retourne au Prixfous et découvre enfin son Augustin qui gambade d’un rayon à l’autre. — Ah ! enfin, te voilà, toi ! Mais la maman est trop pressée pour serrer contre elle son petit garçon. Elle a bien reconnu les baskets d’Augustin : cette fois, c’est bien lui ! — Oh ! mon amour ! Je t’ai cherché partout. Bon, bon, on n’a pas le temps de raconter des histoires, n’est-ce pas ? Maintenant, on a perdu assez de temps comme ça, on prend les biscuits et on s’en va ! Vite ! Vite ! dit-elle en lançant les paquets dans le chariot. Augustin, tout confus, baisse la tête et bredouille : — Pardon, maman. C’est de ma faute, j’ai attrapé le bras d’une autre maman et je l’ai suivie dans tout le magasin. À la fin, je me suis aperçu que ce n’était pas toi ! — Écoute, Augustin, qu’est-ce que je vais faire de toi ?… Tu n’arrives même plus à reconnaître ta maman ?
Beatrice Alemagna Une maman trop pressée Paris, Editions du Seuil, 1997 (Adaptation)