Soyez les bienvenus ! Le blog du Projet « Des Livres et des Ailes » partage avec vous des histoires pour tous les âges – pour les plus petits et les moins petits… – aussi bien que des textes de réflexion, des poèmes, des pensées et des cartes postales. Contes à rêver… POUR VIVRE AUTREMENT !
Samba se réveille, ahuri. Il crie à sa chèvre : « Quelle mouche t’a piquée ? ! Reviens ! »
Mais la chèvre s’éloigne à toute vitesse.
Je sais nager mieux que Samba, j’y vais ! Plouf ! Je n’arrive pas à l’attraper. Dès que je me rapproche, elle accélère. Mais où va-t-elle comme ça ? Le courant est fort par ici, j’ai peur qu’il ne nous emporte.
« Au secours ! » Ouf ! Nous réussissons quand même à atteindre la rive.
Mais la chèvre s’enfuit déjà à travers les dunes.
« Où vas-tu ? Reviens ! » « Attends-moi ! »
Quand j’arrive au sommet de la dune, je n’en crois pas mes yeux. Elle s’est bien cachée, la coquine. Il y a des dizaines de chèvres. Et elles se ressemblent toutes. Comment faire pour la retrouver ?
Je crie aux chèvres : « Vous allez toutes au marché, vous aussi ? »
À ces mots, une chèvre bondit hors du troupeau. C’est elle !
Où est-elle ? Ah, je la vois, elle broute sous un acacia. Je fonce sur elle. « Aïe ! Aïe ! Aïe ! » Ça pique ! Le sol est plein de karam-karam, ce sont des plantes couvertes d’épines. Quelle rusée !
« Tu l’as fait exprès ! Je vais tout de suite te vendre au marché, méchante ! »
Aussitôt, elle s’enfuit à nouveau…
« Désormais, je t’appellerai Karam-Karam. Car tu es méchante comme ces épines ! »
Oh, j’ai mal au pied, je suis épuisé et j’ai faim. Qu’elle aille où elle veut ! Je m’en fiche !
Et pourquoi me regarde-t-elle comme ça, maintenant ? Elle se moque de moi ? « Ce n’est plus la peine de revenir ! Je t’ai dit : je ne veux plus te voir, va-t’en ! »
La chipie, elle s’est déjà fait adopter. Elle trône au milieu du village comme une princesse. Tout le monde s’occupe d’elle. Elle se laisse traire gentiment. Les enfants boivent son lait et jouent avec elle.
Tant mieux pour eux. Moi, je la dé-teste !
Je suis si fatigué, et j’ai si faim. Je n’en peux plus.
Mais soudain, Karam-Karam apparaît. Elle s’avance vers moi, une galette entre les dents.
« C’est pour moi ? ! » J’ai la gorge nouée. « Merci, Karam-Karam… »
Elle a dû obtenir cette galette en échange de son lait. Je prends la galette et je la partage avec elle.
Bientôt le sommeil nous gagne. Karam-Karam est blottie contre moi et moi contre elle.
Je lui murmure à l’oreille : « Maintenant, tu es mon amie. Je ne laisserai pas Samba te vendre au marché. Fais-moi confiance et dors tranquille. »
« Konta ! Konta ! Où es-tu ? » C’est Samba, sur la pirogue ! « Te voilà ! Je t’ai cherché partout. Monte ! »
Mais encore une fois, Karam-Karam refuse de monter.
« Samba, il faut que je te parle. Dis-moi que tu ne vendras pas cette chèvre au marché. Elle est devenue mon amie. Vends-la-moi. Je te paierai, promis ! »
« Comme tu avais disparu, je suis allé tout seul au marché », dit Samba. « J’ai vendu tes poissons. Voilà ton argent. »
« Oh, merci ! Tu es formidable. Je peux te payer la chèvre avec cet argent ? »
« Bien sûr ! Elle est à toi ! »
À ces mots, Karam-Karam saute joyeusement dans la pirogue.
« Allons-y ! »
Ma chèvre est géniale ! Elle comprend tout ce que je lui dis.