Il était une fois une petite bourgade prospère et heureuse. Chaque nuit, dès que les habitants étaient endormis, de gentils lutins, adroits et discrets, se mettaient à nettoyer les rues et rendaient ainsi la cité propre et accueillante. Par petits groupes, les lutins entraient dans les maisons et achevaient les travaux que les habitants n’avaient pu terminer la veille.
Un soir, ils sont entrés chez le menuisier et l’ont trouvé, comme d’habitude, endormi sur son établi. Les petits hommes ont alors scié, ont raboté et ont assemblé les planches avec une telle adresse qu’en un instant, les fenêtres ont été terminées. Puis, munis d’échelles et d’outils, les bons petits lutins sont allés placer les fenêtres chez les villageois qui les avaient commandées.
Lorsqu’ils ont terminé ce travail, ils se sont rendus chez le plafonneur. Ils ont si bien et si rapidement travaillé, qu’après avoir fait le mortier, ils ont eu le temps de plafonner plusieurs murs.
À la boulangerie, ils ont allumé le four, ils ont pétri la pâte et ont enfourné les pains.
Quelle bonne surprise cela allait être pour le boulanger qui bientôt s’éveillerait !
Et les braves lutins n’ont pas oublié les ménagères. Dans chaque maison, ils ont nettoyé le sol, ont fait la lessive, ont séché et repassé le linge.
Le boucher était un brave homme que tout le monde aimait. Comme chaque nuit, les lutins ont profité de son sommeil pour mettre les morceaux de viande au saloir, pour fumer les jambons et ont même fait des saucisses et du boudin.
Tous les soirs, le marchand de vin était très fatigué et s’endormait sans achever sa besogne. Les petits lutins lui pardonnaient, car cet homme avait bon cœur. Alors, ils bouchaient les bouteilles, ils mettaient des étiquettes et les rangeaient dans le grand cellier.
Le tailleur du village était un pauvre homme malade.
Sa femme, qui n’était pas très gentille, ne cessait de le traiter de paresseux.
— Terminons vite ces costumes ! se disaient les lutins. Ainsi notre pauvre tailleur pourra prendre du repos et se soigner !
Et en quelques minutes ils coupaient les morceaux de tissu, les faufilaient et les assemblaient.
Le lendemain, le tailleur s’est levé encore plus fiévreux que la veille. Lorsqu’il a vu son travail terminé, il a poussé un soupir de soulagement. « Grâce à ces bons lutins, je vais pouvoir me remettre au lit ! », a-t-il pensé.
Mais sa femme l’a traité de paresseux.
— Je suis malade ! a protesté le pauvre homme.
Et le tailleur a expliqué alors que tout son travail était terminé grâce aux petits lutins…
Mais sa femme était ingrate… et ne voulait point reconnaître l’aide précieuse des bons lutins !
— Ah ! Je comprends ! Ces lutins sont encore passés ! À force de faire ton travail, ils t’ont rendu paresseux ! a crié l’ingrate femme.
Et la nuit suivante, elle a répandu des petits pois secs devant la boutique et les a attendus. Et les malheureux ont glissé sur les petits pois.
Écœurés par tant d’ingratitude, les petits lutins ne sont plus jamais revenus !
Et toi, est-ce que tu es ingrat(e) ?