Une petite souris, d’un naturel très vaniteux, balayait un jour l’escalier de sa maison lorsqu’elle y trouva une pièce d’argent.
— Quelle chance ! dit-elle. Que vais-je acheter avec cette pièce ? Des bonbons ? des biscuits ?… Non… plutôt un joli ruban que j’attacherai à ma queue.
Ainsi, pensait-elle, je serai vraiment très jolie.
Elle courut alors à la mercerie, acheta un ravissant ruban rouge et l’attacha à sa queue après mille essais. Puis, se mirant dans une glace, la vaniteuse conclut que cela lui allait fort bien. Ainsi, se dit-elle, on va sûrement s’intéresser à moi, mais il faut que l’on puisse m’admirer.
Elle s’installa donc à sa fenêtre, feignant de prendre l’air frais.
Le premier qui passa fut le jeune monsieur coq. Ayant aperçu la souris de loin, il s’était muni d’un très joli bouquet. S’étant approché, il la regarda au travers de ses lunettes en lui faisant l’hommage d’un retentissant COCORICO.
La jeune vaniteuse, d’un air outré s’écria :
— Vous me fatiguez les oreilles ! Passez votre chemin, monsieur. Les personnes de ma qualité préfèrent des propos plus discrets.
Survint alors Maître canard-Can-Can, avec son col amidonné.
— Oh ! Ravissante souris, dit-il… ravissante… oui… vraiment ravissante… Excusez-moi… l’émotion me noue la gorge…
— Tant mieux, dit alors la souris d’un ton courroucé. Votre voix d’enrhumée me porte sur les nerfs.
— Coin ! Coin ! Coin ! reprit désespérément le canard-Can-Can.
Hélas ! en guise de remerciement, la souris lui envoya une citrouille sur la tête.
Aliboron, attiré par le bruit, arriva à son tour. Dès qu’il vit la souris, ses oreilles battirent comme les ailes d’un moulin.
— Oh ! Aimable personne, dit-il, que vous êtes donc jolie et, sur ce, il proclama son admiration par un formidable Hi ! Han !
La souris, horrifiée, se boucha les oreilles et congédia le malappris.
Le soir tombait et la souris allait déjà pleurer ses vaines espérances, quand survint à pas feutrés Messire le chat.
— Quel beau garçon. Quelle allure ! se dit tout bas la souris.
Grattant sa guitare, le chat accompagna alors ses miaulements les plus doucereux.
— Que je suis heureuse, pensa la vaniteuse souris. Et dire que l’on me recommandait de le fuir.
Dès le lendemain les noces furent célébrées. Messire le chat avait bien fait les choses et la vaniteuse souris ne se tenait pas de joie dans sa toilette blanche.
— Je crois que nous serons heureux, disait hypocritement Messire chat.
— Oh ! oui ! répondait la souris. Vous verrez comme je vous ferai de la bonne cuisine.
— Ma foi, j’y compte bien, reprit le chat…
… et dès leur arrivée à la maison, il le lui montra bien.
Tandis que la souris s’admirait une dernière fois sous son voile, hop ! d’un magistral coup de patte, le chat tenta de la culbuter tête première dans une marmite.
Mais elle réussit à s’enfuir… et il faut dire qu’elle a bien appris la leçon !
Car dans la vie on est souvent victime de sa vanité !
Et toi, es-tu vaniteux (vaniteuse) ?