Dalla-dalla

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       Je suis Juma.
       Mon père est conducteur d’un petit camion-bus qui s’appelle un dalla-dalla. Beaucoup de gens le prennent pour aller d’un endroit à un autre. Mon père travaille tous les jours très tôt le matin jusque tard le soir.
       Ce matin, grand-père et moi sommes allés lui dire au revoir.
       Grand-Père était lui aussi conducteur de dalla-dalla quand il était jeune.
       « Regarde, Juma, je fais un petit dalla-dalla pour toi. Il est exactement comme celui que je conduisais. »
       « C’est vrai ? »
       « Il est beau ! Moi aussi, je veux conduire un dalla-dalla quand je serai grand… Grand-Père, pourquoi ça s’appelle comme ça ? »
       « Parce qu’à l’époque, ça coûtait un dollar par personne pour aller où on voulait. »

 

       Ensuite, grand-père me dit de prier avec lui pour remercier Allah de leur avoir donné, à mon père et à lui, un bon travail.
       Et il ajoute : « Je souhaite quand même que, toi, tu aies un meilleur travail que nous, Juma. »
       « Un meilleur travail ? Mais qu’est-ce que ça pourrait bien être ? »

 

       Dès qu’il a un congé, mon père vient me chercher.
       « Monte, Juma ! On va se promener ! Dis-moi, où veux-tu aller ? »
       Au hasard, je dis « à l’ouest ! » ou alors « au sud ! » ou « à l’est ! »
       Et mon père démarre aussitôt.
       « Au revoir, grand-père ! »
       Nous roulons ! Nous roulons !
       C’est vraiment bien d’avoir un dalla-dalla.

 

       Nous traversons des petits villages, des champs, des forêts… et nous arrivons devant la mer, qui s’étend à perte de vue.
       « Tu vois, Juma, face à nous, c’est l’Océan Indien. »
       « Papa, pourquoi on ne peut pas aller plus loin ? Les pélicans, eux, ils peuvent aller jusqu’en Inde. Quelle chance ils ont ! »

 

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       Un autre jour, nous partons à l’opposé.
       Mais, comme d’habitude, nous arrivons devant la mer. C’est parce que nous habitons sur une île.
       « Oh, papa, regarde ! Un gros bateau qui s’en va ! Où va-t-il ? »
       « Celui-là, il va en Afrique. »
       « J’aimerais bien aller en Inde ou en Afrique, moi aussi ! »
      

 

       Chu… uuut…
       Papa s’est endormi. Moi, j’ai trouvé un bateau. Je le pousse de toutes mes forces jusqu’à l’eau. Il faut que j’aille voir ces pays, il le faut absolument !
       C’est parti ! À l’aventure !
       Soudain, je sens un bras qui me soulève.
       « Ah ! Lâche-moi ! »
       « Juma, qu’est-ce que tu fais ! Je t’interdis d’aller sur la mer tout seul ! La mer peut être très dangereuse ! Tu ne sais même pas nager ! »
       « Ne fais plus jamais ça, Juma, tu m’entends ? »
       Je sens la main de papa qui serre très fort la mienne.
       « Oui, papa. Plus jamais, promis. Mais…Oh, regarde ! Un avion ! Où va-t-il ? »
       « Il va en Afrique. Mais il y en a de plus gros. Eux, ils vont partout. »
       « Dans tous les pays ? »
       « Oui, dans tous les pays du monde ! »
 

 

       Alors, tout à coup, je comprends ce qu’a dit mon grand-père après la prière.
       « C’est ça, le “meilleur travail” pour moi ! Moi aussi, je serai conducteur d’un dalla-dalla, mais le mien sera volant ! »
       « J’irai dans tous les pays du monde et j’emmènerai mon père et mon grand-père partout ! »

 

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