Ce matin, au réveil, Billy trouve Doudou caché sous le lit.
— Qu’est-ce que tu fais là ! Tu crois que je ne te vois pas ?
— Viens prendre ton petit déjeuner, crie Maman, dans l’escalier.
— J’arrive, répond Billy. Doudou ne fait que des bêtises !
— Viens te laver les pattes, dit Maman.
— J’arrive, répond Billy. Doudou ne veut pas manger son œuf. Allez, dépêche-toi, Doudou !
Billy et Doudou remontent dans leur chambre.
Maman passe la tête à travers l’entrebâillement de la porte :
— Habille-toi vite.
— J’arrive, répond Billy. Je crois que Doudou a mal au ventre.
— Viens te brosser les dents, crie Maman.
— J’arrive, répond Billy. Doudou a mal boutonné sa veste.
— Habille-toi d’abord, dit Maman. Tu joueras avec Doudou après.
— Te voilà enfin ! dit Maman. Où as-tu mis tes bottes ?
— Je les ai aux pieds, répond Billy en riant.
— Ah ! c’est bien, dit Maman en souriant. Voici ton manteau. Allez viens. Il faut partir, sinon nous serons en retard !
Mais Billy remonte l’escalier en courant.
— J’arrive, s’écrie-t-il. Doudou n’a pas fait de bisous aux autres.
Sur le chemin de la garderie, Billy tient son cartable en équilibre sur la tête, avec Doudou perché dessus.
— Fais attention, dit Maman.
— Je fais de mon mieux, répond Billy. Doudou bouge tout le temps.
Évidemment, le cartable tombe et s’ouvre.
— Oh, Billy ! gronde Maman. Nous sommes vraiment en retard maintenant. Donne–moi Doudou et pressons-nous !
Pour rattraper le temps perdu, Billy et Maman courent jusqu’à la garderie.
— Ah ! vous voilà, dit Madame Brun. Nous commencions à nous inquiéter.
— Désolée, souffle Maman. Je dois me sauver, je suis déjà en retard à mon travail. Au revoir, Billy.
Et elle part en courant.
Billy va accrocher son manteau.
— Qu’est-ce qui ne va pas, Billy ? demande Madame Brun.
— Maman ne m’a pas dit je t’aime, répond Billy. Elle me dit toujours je t’aime.
— Elle était pressée, tu sais, dit Madame Brun. Parles-en à Doudou. Il saura te consoler.
Madame Brun et Billy cherchent Doudou dans les poches du manteau, et même dans le cartable. Mais en vain.
— Tu as dû le laisser à la maison, dit Madame Brun.
— Mais non, dit Billy en sanglotant. J’ai laissé tomber mon cartable, alors on a couru, et j’ai perdu Doudou, et je veux ma maman.
La porte s’ouvre soudain.
C’est Maman !
— Mon pauvre amour, s’écrie-t-elle, je suis navrée, je suis partie avec Doudou ! Et puis ce n’est pas tout… J’ai oublié de te dire je t’aime.
Billy grimpe sur les genoux de Maman, et elle lui sèche tendrement ses larmes.
— Je t’aime, moi aussi, dit Billy.
Et Maman le serre fort, très fort dans ses bras.
Miriam Moss ; Anna Currey
J’ai oublié de te dire je t’aime
Paris, Flammarion, 2006