Un point c’est tout !

 

 

 

   Anita était une pintade qui n’avait pas la moindre tache sur ses plumes.
   Cela lui faisait beaucoup de peine, car toutes les autres en avaient plein et qu’elles la regardaient toujours d’un drôle d’air.

 

 

   Alors, Anita en commanda quelques-unes.

 

   Elles arrivèrent le lendemain… dans un gros paquet ficelé prometteur, dans lequel elle pensait qu’elle trouverait son bonheur.

 

   Mais hélas, celles qu’elle reçut ne furent pas du tout celles qu’elle espérait !
   Quelle déception !
   Elles étaient si grosses… trop grosses !

 

 

   Puis d’autres taches arrivèrent… si petites qu’elles lui chatouillèrent le nez !
   Des taches bizarres utiles seulement la nuit,
   ou d’autres encore, bien trop brillantes, trop éblouissantes,
   et des taches en pointillés à relier,

 

 

   des taches qui ressemblaient à des gouttes ou à des pâtés,

 

 

 

   des taches qui étaient en fait des points sur les i,
   des points d’exclamation ou d’interrogation,
   des points virgules ou tout simplement un point final.

 

 

   Et aussi, des taches prévues pour d’autres.
   Elle reçut des rubans de couleurs qui n’avaient absolument rien d’une tache !

 

 

 

   Et juste au moment où elle allait renoncer, pensant qu’il n’y aurait pas d’autres surprises, pensant qu’elle avait reçu toutes les taches de toutes les formes possibles, de toutes les couleurs et de toutes les tailles… elle reçut un nouveau paquet de taches qui lui plurent aussitôt, et qu’elle décida de garder.

 

 

   Revêtue de ce nouveau plumage, Anita se retrouva au milieu de ses copines, mais celles-ci regardaient déjà quelqu’un d’autre de façon bizarre.

 

 

 

   Mais qui étaient en fait les plus bizarres ?

 

 

Helen Ward
Un point c’est tout !
Paris, Minedition, 2014
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