La lumière qui revient toujours

 

 

 
Si nous profitons du bien que nous trouvons, sans poser des questions,
nous aurons à la fin une grande récompense.
Ralph Waldo Emerson

 

 

Chaque année, lorsqu’Halloween se termine, notre fils Matthew attend les lumières. Il le fait depuis douze ans. Au fur et à mesure que les jours deviennent plus courts et les nuits plus longues, que les températures baissent et les feuilles tombent, il attend les lumières.
Et il sait qu’elles vont arriver.

 

Nos voisins d’en face disposent d’un système de lumières rayonnant, étincelant et de très bon goût pour les Fêtes et, chaque année, Matthew attend avec impatience qu’ils le mettent en place, ce qui arrive normalement après la Fête d’Action de grâce.
Mais l’attente de Matthew commence un mois avant.
Chaque jour, après l’Action de grâce et jusqu’à ce que les lumières s’éteignent au Nouvel An, il attend, enthousiasmé…
Depuis le beau milieu de la journée…
Il marche tous les jours en avant et en arrière, entre les fenêtres et la porte de la maison, dans une anticipation nerveuse et frénétique, tout à fait obsédé par ce moment d’illumination nocturne…

 

Et nous n’avons pas besoin d’être avec lui pour nous en apercevoir: quel que soit l’endroit où nous nous trouvons, on le sait par son cri strident et agité, ses mains qui tapent, sa danse autour de la maison, le staccato dans les degrés, un ton haut et répété…
Un visage ravi ! De la pure joie !
Et cela arrive tous les soirs, sans exception.
Mon fils attend les lumières. Pendant les jours les plus sombres de l’année.
Debout, il attend.
Paralysé par la vision de ces lumières qui illuminent le ciel obscur de l’hiver.

 

En effet, malgré toutes ses limitations — l’inaptitude mentale, son autisme, l’âge mental de deux ans dans un corps de vingt-trois, et son incapacité à parler —, Matthew connaît quelque chose de très profond.
Il sait que la lumière brillera dans l’obscurité, peu importe s’il fait très sombre, ou s’il faut attendre longtemps… Quoiqu’il arrive, les lumières brilleront à nouveau.
Comme toujours.

 

La vie nous offre des moments d’obscurité.
Parfois désespérés. Solitaires. Douloureux. Pleins d’effroi.
Mais malgré tout cela, une nouvelle période finit toujours par arriver.
Et nous verrons encore la lumière.

 

Quelle que soit l’obscurité que j’éprouve, chez moi ou autour de moi, je regarde mon fils et je me souviens que la lumière peut traverser l’obscurité et faire surgir encore de la beauté et de la joie.
Voici mon espoir et mon bonheur.

 

Michael D. Gingerich

 

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