« ELLES SONT JOLIES CES FLEURS,
BLANCHES COMME UN MATIN DE PRINTEMPS,
DOUCES COMME LA CARESSE DU VENT…
ELLES SONT JOLIES, CES FLEURS… »
MAIS… QUE SE PASSE-T-IL ?
C’EST UNE DRÔLE DE SOURIS QUI POINTE LE BOUT DE
SON NEZ ET DE SON PARAPLUIE.
LA NOUVELLE VENUE NE REGARDE QUE LA FLEUR CUEILLIE PAR LA GRENOUILLE.
DE TOUTES LES FLEURS DU CHAMP, C’EST CELLE-LÀ, JUSTEMENT, QU’ELLE VOULAIT.
ET ELLE LA PREND.
LA GRENOUILLE N’ACCEPTE PAS L’AFFRONT. ELLE APPELLE AU SECOURS.
SES AMIS AUSSITÔT ARRIVENT À LA RESCOUSSE ET COASSENT SI FORT QUE LA SOURIS S’ENFUIT, EMPORTANT SON BUTIN.
DU PARAPLUIE OUBLIÉ, LES GRENOUILLES FONT UN PANIER ET SE METTENT À CHANTER :
« TRA LA LA LI, ET VIVE LA VI… »
RA… TA… TA… TAC…
MAIS LES GRENOUILLES SONT RUSÉES…
… ET QUAND LE PONT S’ÉCROULE, ELLES SAVOURENT LEUR VICTOIRE.
LES SOURIS PRENNENT LA FUITE.
LES GRENOUILLES, ELLES, N’ENTENDENT PAS S’ARRÊTER LÀ.
ALORS, SANS PITIÉ, LES SOURIS LES ATTIRENT DANS UN PIÈGE FLEURI.
CETTE FOIS, CE SONT LES GRENOUILLES QUI SE FONT PRENDRE.
LES DEUX CAMPS SONT MAINTENANT DÉCIDÉS À ALLER JUSQU’AU BOUT !
LES SOURIS D’UN CÔTÉ…
…ET LES GRENOUILLES DE L’AUTRE.
LE CHAMP DE FLEURS N’EST PLUS QU’UN CHAMP DE BATAILLE.
POURQUOI ?
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COMMENT est née cette histoire ?
Son auteur, Nikolai Popov, explique:
« Je suis né en 1938 à Saratov, une ville en Russie centrale sur les rives du fleuve Volga, le plus grand d’Europe. C’est une ville typique, ancienne, verte et accueillante. Il y a une université, plusieurs théâtres, un jardin d’hiver et un très beau musée. En été, le temps est sec et chaud, mais en hiver les montagnes se couvrent de neige et il fait bien froid.
La guerre a éclaté très tôt dans ma vie, et elle a bel et bien dévasté ma petite ville paisible. La nuit, les nazis bombardaient les rues, et ma mère, ma grand-mère et ma tante m’emmenaient souvent à l’abri lorsque les sirènes hurlaient pour avertir des attaques. Je me souviens encore des cris des sirènes… J’étais jeune et je ne comprenais pas pourquoi il fallait chaque nuit aller dans ces trous profonds et tellement sinistres…
Je vois encore les images choquantes des prisonniers de guerre et des simples paysans russes qui rentraient chez eux, sans armes, estropiés, sans bras et jambes. Mais mon rejet conscient de la guerre et de la violence est venu plus tard, en raison non seulement de petites expériences personnelles, mais aussi de la lecture des livres de Tolstoï et Dostoïevski, Hemingway et Erich Maria Remarque.
Donc, j’ai écrit ce livre parce que je pense aux plus jeunes : si on fait comprendre aux enfants l’inanité et l’absurde de la guerre, si on leur dit combien c’est facile de participer à un cycle de violence, enfants et jeunes deviendront sûrement, dans un avenir très proche, des hommes et des femmes de paix, des artisans de la Paix. Et j’espère aussi que les adultes qui partagent le livre avec les enfants puissent réfléchir à nouveau à la futilité d’un chemin de conflits et d’oppositions qui jamais ne mène nulle part, si ce n’est à la mort. »