Même en été, les matins du petit livreur de journaux sont toujours sombres et froids.
Qu’il aimerait rester bien au chaud, dans son petit lit !
Mais, chaque matin, le temps presse et il s’en va avec son petit chien.
Tous deux, ils descendent doucement le couloir silencieux. Il passe devant la chambre où dorment ses parents et, une fois dépassé le coin où sa sœur dort, le petit livreur de journaux et son chien arrivent à la cuisine où ils boivent du lait et mangent un peu de pain…
Ensuite, ils se dirigent vers le garage où le garçon plie rapidement les journaux, colle des élastiques verts et les place dans un grand sac rouge.
C’est tellement difficile de faire du vélo quand on est chargé de journaux !
Mais le petit livreur a appris à le faire et il est doué.
Puisqu’il connaît son parcours par cœur, il n’hésite jamais et jamais il ne se trompe : il sait toujours dans quelle maison se rendre.
Entre temps, ses pensées s’en vont et s’éloignent… Il pense à d’autres choses. Aux GRANDES choses. Et aux petites choses. Et parfois, il ne pense à rien du tout. Son chien aussi connaît cet itinéraire par cœur. Il connaît bien les arbres qu’il aime flairer, l’eau des petits bassins où il peut boire (malgré les petits oiseaux qui y séjournent…), les écureuils qu’il peut chasser (ou faire semblant…) et les petits chatons qui ronronnent chaque matin…
À cette heure-là, tout le monde se repose encore… tout le monde est endormi sauf le petit livreur de journaux et son chien.
Et c’est bien le moment où ils se sentent les plus heureux de la terre…
Mais petit à petit, le monde qui les entoure se réveille. Les étoiles et la lune s’estompent et le ciel devient orange et rose. Et lorsque le petit garçon vient de livrer son dernier journal, il rentre enfin chez lui avec son chien. Et son sac rouge vide flotte derrière lui dans l’air froid du matin.
Lorsqu’ils arrivent chez eux, il fait encore nuit à l’intérieur de la maison, mais les petits bruits du matin s’entendent déjà et deviennent omniprésents…
Ses parents sont déjà réveillés et se parlent doucement dans leur lit. Sa sœur regarde les dessins animés du samedi matin. Et de retour dans sa propre chambre, le garçon baisse le rideau et regagne son lit qui est encore chaud.
Et tandis que le monde entier se réveille, le petit livreur de journaux se rendort, et son chien aussi.
Le travail achevé, le moment de rêver est enfin arrivé.
Dav Pilkey
O menino entregador de jornal
São Paulo, Cosac & Naify, 2010
(Traduction et adaptation)