Une souris passait dans un champ, son baluchon sur le dos.
Elle aperçut une cabane et, comme elle n’avait pas de maison, elle appela :
— Ohé, là-dedans ! Y a-t-il des habitants ?
La cabane était vide.
Personne ne répondit à la souris, et celle-ci, ravie, y entra en chantonnant :
— Cabani-cabana, la cabane elle est pour moi !
Arriva alors une grenouille sautillante.
Elle vit la cabane, s’extasia et demanda :
— Ohé, là-dedans ! Y a-t-il des habitants ?
La souris passa la tête à la fenêtre, regarda qui appelait et répondit :
— Il y a moi, la souris, cabanou-cabani. Mais cabani-cabana, on trouvera une place pour toi.
Et la grenouille grimpa rejoindre la souris.
Au coin de l’enclos un lapin pointa ses oreilles.
Il vit la cabane, la souris et la grenouille et leur dit :
— La belle cabane que vous avez, j’aim’rais bien y habiter !
Souris et grenouille répondirent d’une seule voix :
— Cabani-cabana, le troisième sera toi.
Et le lapin s’installa dans la cabane.
Ce fut ensuite le tour d’une renarde de s’arrêter devant la cabane.
Elle dit aux trois amis :
— La belle cabane que vous avez, j’aim’rais bien y habiter !
Souris, grenouille et lapin répondirent d’une seule voix :
— Cabani-cabana, avec nous tu logeras.
Et la renarde rejoignit les trois amis.
Puis un loup sortit du bois.
Quand il vit la cabane, il demanda aux quatre amis :
— La belle cabane que vous avez, j’aim’rais bien y habiter !
Souris, grenouille, lapin et renarde répondirent d’une seule voix :
— Cabani-cabana, pour toi on se serr’ra.
Et le loup entra dans la cabane.
Là-dessus un ours s’approcha en se dandinant. Il contempla la cabane et demanda à ses occupants :
— La belle cabane que vous avez, j’aim’rais bien y habiter !
Souris, grenouille, lapin, renarde et loup y répondirent sans hésiter :
— Cabani-cabanou, tu es bien trop gros pour nous.
L’ours avait pourtant bien envie de se joindre à la joyeuse bande.
Il réfléchit et leur proposa :
— Permettez-moi, je vous prie, de grimper sur votre toit. Je serai bien raisonnable, je ne vous dérangerai pas !
Et sans attendre la réponse il s’élança vers le toit.
Mais l’ours était trop lourd, le toit n’a pas tenu, et nos pauvres amis s’enfuirent en gémissant :
— Cabani, c’est fini, cabana, patratas !
L’ours, confus, décida de réparer sa sottise.
Il ramena du bois de la forêt pour construire une nouvelle cabane et tous se mirent vaillamment à l’ouvrage.
Fatigués, mais contents, la souris, la grenouille, le lapin, la renarde, le loup et l’ours s’installèrent dans leur nouvelle cabane et chantèrent :
— Cabani-cabana, notre cabane est bien là !
Elle est plus belle que l’ancienne.
On y a pris de la peine.
Cabani-cabana, tous on y habitera !
Robert Giraud
Brise Cabane
Paris, Flammarion
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