Il était une fois une reine qui s’appelait Maman.
Cette reine avait un secret. Elle était fâchée avec le roi et vivait dans un autre château avec son fils unique : MOI !
Ce fils de la reine était
son bibi, son bibi, son bijou,
son crapoussin, son lapinou,
son fanfan et son roudoudou,
son frise-poulet, son poupouniou,
son mistouflet, son chatounet,
son chouchou et son seul doudou.
Comme la reine ne lui avait jamais dit son secret, ne lui avait jamais parlé du roi, un jour le fils de la reine déclara :
« Puisque la reine a zéro de mari, c’est moi qui serai le roi ! »
Et TOC, il s’est pris pour le roi.
Ce soir-là, vous savez ce qu’il a fait ?
Il est entré dans la chambre de la reine, pour dormir à la place du roi !
« Non, mon bibi, mon bibi, mon bijou ! Retourne dans ton nid », gronda la reine.
Mais un roi fait toujours ce qui lui plaît, même les choses défendues, bien entendu.
Alors la reine accepta qu’il dorme à la place du roi, juste pour cette fois.
Le lendemain elle accepta encore une fois et puis encore une fois et enfin toutes les autres fois.
C’était le secret de son fils et de la reine : il dormait à la place du roi.
Un an passa, puis deux, puis trois.
Chouchouté, pomponné, bichonné, frites et bonbons à tous les repas, le bibi bibi bijou vivait une vie de roi.
Maintenant, quand la reine emmenait son bibi en promenade, on s’étonnait sur leur passage :
— Sapristi, un oiseau qui ne vole pas à son âge, ça ne s’était jamais vu !
Malgré tout, depuis qu’il faisait roi, (toujours plus gros et tous les jours plus ramollo), il était souvent fâché :
« Mon bibi veut-il ceci ? Mon bibi veut-il cela ? »
Le bibi ne voulait jamais rien.
Mais si !
Et voulait toujours tout.
Mais non !
Et la reine ne lui refusait jamais rien ?
Oh si !
Souvent le vent leur apportait, depuis le château du roi, des airs de musique. Mais si le bibi demandait « Qui fait ces zim badaboum tagada tsoin tsoi ? » la reine gardait son secret et répondait toujours que c’était personne.
Parfois aussi, il rêvait d’être un oiseau ordinaire, sachant voler tout seul, avec ses ailes à lui.
Mais comme la reine disait toujours…
« Pas encore, mon bibi. Tu te ferais bobo », il attendait pour voler d’être devenu grand.
N’empêche, chaque fois qu’il entendait la musique — zim badaboum — que ses pieds frétillaient ! — tagada tsoin tsoin — que ses ailes fourmillaient !
Ça mettait la reine en colère, mais il n’y pouvait rien.
Alors un jour, il se dit :
« Dans mon ancien nid je serais plus tranquille pour faire mes tagada tsoin tsoin. »
Et — Zzi badaboum — il y retourna !
Arrivé chez lui, il se rappela ce moment, d’il y a longtemps, quand il s’était pris pour le roi.
Ça le fit rire et il se dit :
« C’est quand j’étais petit ! »
Et tout à coup, il comprit qu’il était grand, maintenant.
Il grimpa sur une chaise et remua les ailes.
Il voleta même un petit peu, jusqu’à son lit.
C’était difficile, … il manquait d’exercice.
Mais il se dit :
« Un jour, quand j’aurai appris, je m’envolerai vraiment. Maman sera triste, alors je lui ferai un petit COUCOU quand je passerai par ici. »