Annie était ma meilleure amie.
Nous étions tout le temps ensemble.
Plus tard, nous allions habiter dans la même maison.
Mais un jour, Annie a déménagé.
Je me sentais bizarre.
« Je crois qu’Annie te manque », a dit Maman.
« Ça veut dire quoi : manquer ? »
J’ai couru au jardin. Le soleil brillait.
Je n’étais pas heureux.
J’ai pensé à Annie.
Puis j’ai pensé à Grand-mère.
Grand-mère est morte. Quand quelqu’un est mort, on ne le revoit plus jamais. Papa l’a dit.
Donc, Grand-mère restera toujours morte.
« Et Annie, elle va être morte aussi ? »
« Mais non ! » a dit Grand-père.
Nous sommes allés sur la tombe de Grand-mère.
Grand-père est resté un moment silencieux.
« Elle me manque encore chaque jour », a-t-il dit doucement.
« Ça veut dire quoi : manquer ? »
« Ça veut dire que je serais plus heureux si Grand-mère était encore ici », a répondu Grand-père.
Nous sommes rentrés sans dire un mot…
À la maison, Maman m’a servi un bol de soupe.
Grand-père s’est assis à côté de moi.
« Annie me manque » ai-je dit.
Maman m’a serré très fort dans ses bras.
Je me sentais à la fois triste et heureux.
« Nous irons dire bonjour à Annie » a dit papa.
« Quand ? » ai-je demandé.
« Bientôt », a répondu papa.
« Nous irons aussi rendre visite à Grand-mère ? Elle manque beaucoup à Grand-père… »
« Ce n’est pas possible », a dit papa. « Quand quelqu’un est mort, on ne peut qu’y penser. »
Ce soir, j’ai beaucoup pensé à Grand-mère et à Annie.
Grand-mère riait avec moi.
Annie me demandait de jouer avec elle.
Puis j’ai pensé à Grand-père qui rentrait chez lui. Lui aussi pensait sûrement à Grand-mère.
Paul Verrept
Tu me manques
Paris, l’école des loisirs, 1999