Dans une rue d’une ville moyenne, une voleuse tente d’arracher le sac d’une vieille femme. Mais il s’avère qu’elle ne peut pas le faire sans promettre en retour — « de les planter tous ». Le sac est plein de glands… La jeune voleuse commence alors un voyage qui va changer sa vie et la vie des autres pour les générations à venir. Inspirée par la conviction que la relation avec la nature est essentielle à tout être humain, et que maintenant, plus que jamais, nous devons renouveler cette relation, voici l’histoire d’une découverte magique qui touche le cœur et l’imagination de chacun de nous…
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Quand j’étais petite, je vivais dans une ville cruelle et laide.
Ses rues étaient sèches comme le désert, souffrant de la chaleur comme du froid, recevant rarement la bénédiction des pluies. Un vent de sable et un vent aride soufflaient tout le temps autour des immeubles. On dirait un chien affamé.
Rien n’y poussait. Tout autour, il n’y avait que des ruines.
Les sourires avaient disparu. À jamais.
Les gens étaient devenus aussi mesquins et durs que la ville.
Moi-même, j’étais comme ça, méchante et égoïste.
Et je survivais grâce aux choses que je volais à des gens qui avaient presque aussi peu que moi.
Mon cœur était sec comme les arbres morts dans le parc.
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Puis un soir, j’ai rencontré une vieille dame dans une ruelle sombre. Seule et impuissante, c’était une victime facile.
Son sac à main était tout plein, mais quand j’ai essayé de l’arracher de ses mains, elle l’a retenu en faisant un effort surhumain.
J’ai tiré le sac d’un côté et de l’autre, jusqu’à ce qu’elle dise :
« Si vous promettez de les planter, je lâche prise. »
Qu’est-ce qu’elle voulait dire ? Je ne savais pas et je m’en fichais.
Je voulais juste sa bourse, alors j’ai dit :
« Très bien, je promets. »
Et c’était la seule façon… Ensuite, la voilà partie, souriante.
J’ai couru sans même regarder en arrière, en pensant à la nourriture et à l’argent dans le sac.
Quand je l’ai ouvert, j’ai vu qu’il n’y avait que des graines.
Je les regardais, si vertes, si parfaites et en grande quantité — et alors j’ai compris le sens de la promesse que j’avais faite.
Je tenais une forêt entre mes mains, et à ce moment-là, j’ai senti mon cœur exploser de joie !
J’ai oublié la nourriture et l’argent. Et pour la première fois de ma vie, je me sentais la personne la plus chanceuse du monde, plus riche que je ne l’aurais jamais rêvé.
J’ai fait des graines mon oreiller et j’ai rêvé de feuilles et de fleurs partout.
Et quand l’aube a pointé, j’ai pensé : il me faut tenir ma promesse !
J’ai planté le long des avenues, des rues, parmi les décombres, les clôtures…
… à côté des chemins de fer, des voies de tramway et des panneaux de signalisation,
dans les parcs et jardins abandonnés, tout près des usines délabrées et des centres commerciaux, aux arrêts de bus, dans les cafétérias, même devant des quartiers résidentiels fermés.
J’ai ignoré tout ce qui était cruel, dur et laid et j’ai planté, planté, planté…
Au tout début, rien n’a changé.
Le vent sablonneux rayait encore les rues fissurées. Les gens se chamaillaient tout le temps et se précipitaient chez eux, comme des cafards courant vers les porcelets.
Mais peu à peu, très lentement, des pousses vertes ont fini par émerger…
Des arbres !
D’abord ici, puis là…
et puis partout.
Les gens sortaient dans la rue pour les regarder.
Émerveillés, ils ont touché les feuilles et ont souri.
Ils ont bu du café et ont regardé, ensemble, les petits arbres.
Ils parlaient et riaient, et bientôt ils en plantaient aussi.
Des arbres et des fleurs, des fruits, des légumes et encore des légumes, dans les parcs et jardins, sur les balcons et aux derniers étages, sur les toits des immeubles…
Le vert s’est répandu dans toute la ville comme une chanson, la faisant respirer vers le ciel, attirant la pluie tant attendue.
Mais à ce moment-là, j’étais partie depuis longtemps, plantant des graines dans une autre ville triste et malheureuse… et dans une autre… et dans une autre… et dans une autre encore.



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Hier soir, dans une ruelle déserte, un jeune voleur a essayé de voler mon sac de graines.
J’ai fait tout ce que j’ai pu pour l’empêcher de me le prendre.
Après, j’ai souri et je l’ai défié comme je l’avais été autrefois, car je savais comment un cœur peut se transformer, et je ne doutais pas qu’il continuerait à planter un peu partout dans le monde…