L’abeille arrive toujours

La fleur ne rêve pas de l’abeille. Elle fleurit et l’abeille vient.

Parfois, dans ma vie, j’ai tellement voulu l’amour que je me suis réimaginé, réinventé, dans une tentative d’être plus désirable ou plus digne de mérite, pour découvrir, encore et encore, que c’est le soin de ma propre âme qui invite le processus naturel de l’amour à s’épanouir.

Je me souviens de ma toute première chute amoureuse. Comme Narcisse, j’y ai trouvé un énorme réconfort… et je me suis perdu dans la beauté de ma douleur. Pendant tout ce temps, j’ai bel et bien abdiqué ma propre valeur.

Si j’ai appris quelque chose au fil des années, c’est que, bien que nous découvrions et expérimentions de la joie avec les autres, notre capacité de joie se trouve – tel une gousse de nectar – dans notre propre cœur. Je crois maintenant que notre vocation la plus profonde est de nous enraciner suffisamment dans cette vie pour que nous puissions ouvrir nos cœurs à la lumière de l’expérience, et ainsi, nous épanouir, car c’est dans la floraison que nous attirons les autres. En outre, si nous demeurons profondément qui nous sommes, notre parfum intérieur s’épanouit et appelle les autres à venir goûter de notre nectar, et nous sommes aimés, par nos amis et nos partenaires.

Il me semble que le travail même de l’existence est de nous préparer à un tel amour.

En assistant à notre propre croissance intérieure, nous devenons étrangement et exactement qui nous sommes. Comme la tulipe dont le pétale fleuri a la forme exacte de l’abeille, notre accomplissement attire une foule d’autres aimants plus réels que tous nos fantasmes. De cette façon, l’Univers s’agrandit à travers le rassemblement inattendu d’âmes épanouies.

Si vous pouvez, abandonnez donc le besoin d’un autre et soyez qui vous êtes. Sachez que, le plus souvent, l’amour viendra au moment précis où vous vous aimerez simplement vous-même.

Mark Nepo
The Book of Awakening
Conari Press, 2011
(Traduction et adaptation)
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