Les saisonniers

 
       Il y avait sur le parking son grand-père et les autres journaliers. Francisco venait là pour la première fois.
      Un pick-up approcha lentement et s’arrêta à leur hauteur.
      « J’ai de la maçonnerie. Il me faut trois hommes ! » lança le conducteur en levant trois doigts.
      Cinq hommes s’engouffrèrent à l’arrière du pick-up.
      « Pas plus de trois » insista le conducteur.
      Deux d’entre eux en redescendirent.
      Les hommes restés sur le parking se rassemblèrent en bougonnant.
      Le grand-père de Francisco grelottait.
     « Hace frío » murmura-t-il.
    « S’il fait froid, c’est parce qu’il est encore tôt. Dans quelques heures, tu verras, il fera chaud », lui dit Francisco en espagnol.
      « Pourquoi es-tu avec un enfant ? Sa place est à l’école. »
      « Personne ne t’embauchera avec lui » dit l’un des hommes.
     « Nous sommes samedi, expliqua Francisco. Mon abuelo ne parle pas anglais. Il est arrivé en Californie il y a deux jours pour vivre avec maman et moi. Nous sommes seuls depuis la mort de papa et je suis venu aider mon abuelo à trouver du travail. »
      Il prit la main froide et rugueuse de son grand-père dans la sienne, leva les yeux vers lui et lui sourit.