Le garçon paresseux

Le garçon paresseux_1

 

Détends-toi, ne bouge plus, écoute – écoute attentivement l’histoire de Gabriel, ce garçon qui vivait dans une petite maison sur une falaise surplombant la mer. Un jour, il eut de sérieux ennuis avec ses parents. Veux-tu savoir ce qui arriva ? Voyons si nous pouvons le découvrir !
 

 

 
      Eh bien… Par une journée ensoleillée, le père de Gabriel, qui était pêcheur, demanda à son fils d’aller ramasser du bois dans la forêt. Comme le lendemain ils avaient décidé de se faire plaisir en partant en excursion en bateau voir les baleines, ils avaient besoin de bois pour allumer un feu et préparer un copieux petit déjeuner avant de se mettre en route.
      Mais ce matin-là, Gabriel était très fatigué.
      « Ce n’est pas juste ! grommela-t-il. Je ne veux pas ramasser de bois. Je veux juste ne pas me fatiguer aujourd’hui. »
      Il prit néanmoins le sentier qui menait à la forêt. Alors qu’il le remontait, il arriva près d’un arbre solitaire aux branches dénudées.
      « J’ai de la chance, aujourd’hui ! s’exclama-t-il. Cet arbre n’a pas de feuilles, et son bois a l’air parfait pour faire du feu, car il est mort et sec. Je n’ai pas besoin de marcher jusqu’à la forêt, comme mon père me l’a dit. Je peux juste me reposer un peu ici, puis arracher vite fait quelques branches avant de rentrer à la maison. »
      Gabriel s’assit donc au pied de l’arbre et se mit à contempler la mer qui scintillait au soleil. Il ne tarda pas à s’endormir. Quelque temps plus tard, il s’éveilla en sursaut la nuit commençait à tomber. « Oh non !… Combien de temps ai-je dormi ? » se demanda-t-il.
      Sautant sur ses pieds, il grimpa dans l’arbre et se mit à casser des branches comme un fou. Mais, contrairement aux apparences, ce bois n’était pas mort du tout ; il était vert et l’intérieur était rempli de sève. Il fallait tellement tirer et tordre les branches pour les arracher que l’une d’elles rebondit et heurta l’œil de Gabriel. Aïe !
      Quand le garçon eut enfin cassé assez de branches, il en fit un petit tas qu’il fourra sous son bras ; puis il rentra chez lui en toute hâte et empila les branches à l’extérieur de la maison avant d’aller se coucher.
      Le lendemain matin, de bonne heure, la mère de Gabriel se leva pour préparer le petit déjeuner. Elle ramassa le bois pour allumer le feu, mais les flammes vacillèrent avant de s’éteindre. Quand son mari descendit, il n’y avait toujours pas de feu.
      « Je suis désolée, dit-elle, mais le petit déjeuner n’est pas prêt. Ce bois est tellement vert et humide que le feu ne veut pas démarrer. »
      À ce moment même, Gabriel fit son apparition.
      « Qu’as-tu à l’œil, mon fils ? lui demanda sa mère inquiète.
      — Et pourquoi le bois est-il si humide ? » gronda son père.
      La gorge du garçon se serra et il traîna les pieds ; il se sentait désolé d’avoir fait faux bond à ses parents la veille à cause de sa paresse. Retenant ses larmes, il expliqua qu’il s’était endormi au pied d’un arbre et s’était blessé à l’œil en arrachant ces branches qui ne convenaient pas pour le feu.
      « Je suis désolé de ne pas être allé dans la forêt comme vous me l’aviez demandé, dit-il. Comme je me sentais trop fatigué, j’ai choisi la facilité.
      — Eh bien, le temps que nous allions ramasser du bois sec pour préparer le petit déjeuner, répondit son père, il sera beaucoup trop tard pour aller voir les baleines – c’est trop loin ! »
 
      Gabriel fut déçu, mais il était déterminé à se faire pardonner.
      Plus tard dans la journée, il se rendit dans la forêt pour ramasser quantité de bois pour faire le feu, si bien que le lendemain matin, sa mère put préparer un solide petit déjeuner. Pour le récompenser de ses efforts, ses parents et lui allèrent enfin voir les baleines – expérience magique que Gabriel n’oublia jamais.
 
♣♣♣
 
Les gens paresseux se déçoivent eux-mêmes ainsi que les autres.
Le sage travaille dur pour pouvoir profiter des fruits de son labeur
et avoir la satisfaction de savoir qu’il a fait de son mieux.
 
 

 

Dharmachari Nagaraja
Histoires d’ailleurs : Petits contes de sagesse bouddhiste
Paris, Le Courrier du Livre, 2008