Le trésor du baobab

 
Un jour de grande chaleur, un lièvre fit halte dans l’ombre d’un baobab, s’assit sur son train et, contemplant au loin la brousse bruissante sous le vent brûlant, il se sentit infiniment bien.
« Baobab, pensa-t-il, comme ton ombre est fraîche et légère dans le brasier de midi ! »
Il leva le museau vers les branches puissantes. Les feuilles se mirent à frissonner d’aise, heureuses des pensées amicales qui montaient vers elles.
Le lièvre rit, les voyant contentes. Il resta un moment béat, puis clignant de l’œil et claquant de la langue, pris de malice joueuse :
― Certes, ton ombre est bonne, dit-il. Assurément meilleure que ton fruit. Je ne veux pas médire, mais celui qui me pend au-dessus de la tête m’a tout l’air d’une outre d’eau tiède.
Le baobab, dépité d’entendre ainsi douter de ses saveurs, après le compliment qui lui avait ouvert l’âme, se piqua au jeu.