Très, très fort !

 

 

  Ils ne font rien de spécial, Maman et Petit Homme, non, rien de spécial…
  Quand tout à coup, DING DONG ! on sonne.
  — Houhou ! c’est moi, dit une voix.
  Maman regarde la porte, Petit Homme regarde Maman.
  Et qui voilà ?

 

 

  C’est Tante, Tante Béa ! Elle ouvre tout grand les bras avec un grand, grand sourire et elle s’écrie :
  — Oh ! le petit homme ! Je veux le serrer dans mes bras, je veux le serrer fort, TRÈS, TRÈS FORT !
  Elle met Petit Homme sur son genou et chantonne :
  — Au pas, au pas. Au galop, au galop !
  Puis elle lui lit une histoire.
  « Mmmmmm… »

 

  Ils ne font rien de spécial, Maman et Petit Homme, Petit Homme et Tante Béa, non, rien de spécial.
  Quand tout à coup, DING DONG ! on sonne.
  — Salut, c’est moi ! dit une voix.
  Maman regarde la porte, Tante Béa regarde Petit Homme, Petit Homme regarde Maman.
  Et qui voilà ?

 

 

  C’est l’Oncle, l’Oncle Tony ! Il entre en levant les sourcils, il fait sa bouche toute ronde et il s’écrie :
  — Oh ! le petit homme ! Je veux lui faire un gros bisou, je veux le faire voler dans les airs, je veux l’embrasser fort, TRÈS, TRÈS FORT !
  Et il prend Petit Homme sur ses épaules.
  Houlà ! que c’est haut, que ça tremble ! Et il se penche en avant. Hé ! ça glisse ! Mais Petit Homme s’agrippe et tient bon.
  « Ouaaaaaa… »

 

  Ils ne font rien de spécial, Maman et Petit Homme, Tante Béa et l’Oncle Tony, non, rien de spécial…
  Quand tout à coup, DING DONG ! on sonne.
  — Youhou ! c’est moi ! dit une voix.
  — Youhou ! c’est moi ! dit une autre voix.
  Maman regarde la porte, l’Oncle Tony regarde Tante Béa, Tante Béa regarde Petit Homme, Petit Homme regarde Maman.
  Et qui voilà ?

 

 

  C’est Mamie, Mamie et Grand-Ma.
  Chacune a son sac à main et son parapluie au bras, et chacune s’écrie :
  — Youhou, bonjour ! Oh ! le petit homme ! Je veux le croquer, je veux le manger, je veux le dévorer TOUT CRU, TOUT CRU, TOUT CRU !
  Et elles l’embrassent fort, elles lui font de gros câlins, elles le font chanter, danser.

 

 

  Et Petit Homme se sent si bien après avoir tant fait le fou qu’il a presque envie de dormir…
  « ZZZZZZ… »

 

  Ils ne font rien de spécial, Maman et Petit Homme, Tante Béa et l’Oncle Tony, Mamie et Grand-Ma, non, rien de spécial…
  Quand tout à coup, DING DONG ! on sonne. Et une voix dit :
  — Pan ! pan ! Haut les mains !
  Maman regarde la porte, Mamie regarde Grand-Ma, Grand-Ma regarde l’Oncle Tony, l’Oncle Tony regarde Tante Béa, Tante Béa regarde Petit Homme.
  Et qui voilà ?

 

 

  C’est Cousin Dan, et ce bon gros Cousin Pat. Cousin Dan fait tourner sa casquette sur un doigt, et zouip, et zouip ! Il galope sur un cheval invisible, cataclop, cataclop !
  Et il s’écrie :
  — Pan, pan ! Oh ! le petit homme ! Je veux me bagarrer avec lui, je veux me battre avec lui, fort, TRÈS, TRÈS FORT !
  Et ils se battent tous les deux, ils se bagarrent fort, très fort. Cousin Dan boxe Petit Homme, Petit Homme répond d’un grand coup. Cousin Dan lui donne une pichenette, Petit Homme la lui rend d’une tape.
  Et ils rient, tous deux, comme ils rient ! Ils rient à en perdre le souffle. Hi hi hi !

 

  La maison est pleine à craquer, et chacun s’assied où il peut, en attendant le prochain DING DONG. Tout le monde attend, mais rien ne vient. Et Maman dit :
  — Quelqu’un veut quelque chose ?
  Cousin Dan et Petit Homme recommencent à se bagarrer. Mamie et Grand-Ma jouent aux cartes, l’Oncle Tony n’arrête pas de tricher. Tante Béa met de la musique très fort.
  Et Maman dit :
  — Quel cirque !

 

  Ils ne font rien de spécial, Maman et Petit Homme, Tante Béa et l’Oncle Tony, Mamie et Grand-Ma, Cousin Dan et gros Cousin Pat, non, rien de spécial…
  Quand tout à coup, DING DONG ! on sonne.
  — C’est moi ! dit une voix.

 

 

  Alors chacun se lève. Maman prend Petit Homme dans ses bras. Tout le monde attend derrière la porte. Et tout le monde s’écrie à la fois :
  — Surprise, surprise !
  Maman dit :
  — Bon anniversaire, Papa ! et tout le monde répète :
  — BON ANNIVERSAIRE !
  Alors Papa caresse de sa barbe la joue de Petit Homme, et Maman apporte à table les bonnes choses qu’elle a préparées…
  Et c’est la fête à la maison !

 

  Mais quand tout le monde est bien fatigué, quand vient l’heure de se quitter, Petit Homme voudrait jouer encore, encore un peu, rien qu’un peu. Maman dit « Non ! », et elle le met au lit, mais…
  …dans son lit, Petit Homme joue. Il saute et saute avec son ours, et dans sa tête il entend encore :
  « Je veux le serrer fort, TRÈS, TRÈS FORT ! Je veux l’embrasser fort, TRÈS, TRÈS FORT ! Je veux le dévorer TOUT CRU, TOUT CRU, TOUT CRU ! Je veux me battre avec lui, fort, TRÈS, TRÈS FORT ! »

 

 

  Et Petit Homme sait bien pourquoi.
  C’est parce que tout le monde l’aime, TRÈS, TRÈS FORT !

 

 

 

Trish Cooke ; Helen Oxenbury
Très, très fort !
Paris, Flammarion, 2000