C’était un matin d’hiver, froid et pluvieux.
Mme Sylvain, la maîtresse, demanda à tous d’enlever les chaussures humides et de les mettre auprès du radiateur.
— Venez vous réchauffer ! dit-elle, en se frottant les mains.
Personne n’avait remarqué que Sophie n’était pas là.
Quand elle arriva enfin, elle était toute trempée.
Difficile de voir si son visage était mouillé à cause de la pluie ou des larmes…
— Viens ici, Sophie ! demanda la maîtresse d’une voix gentille. On va enlever ton manteau et tes chaussures mouillés. Peux-tu nous raconter ce qui s’est passé ?
— Mon père a fait les valises et il a déménagé, sanglota Sophie.
Mme Sylvain serra la petite fille contre son pull bien chaud et proposa :
— On va parler de nos parents.
— Mon père est à l’hôpital, commença Jean.
— J’ai deux pères, dit Berthe.
— Je vis seule avec mon père, ajouta Mélanie.
— Mon père est à l’armée et je le vois très rarement, déclara Jacques.
— Mon père est toujours à la maison, dit Antoine.
— Je passe seulement les vacances avec mon père, parce que, maintenant, il a une autre famille, avoua Philomène.
— Mon père est dans un fauteuil roulant, dit Hugues.
— Mon père m’a adoptée quand j’avais un an, admit Marianne.
— Oncle Roger prends soin de moi comme s’il était mon père, dit Georges, pensif.
— Mon père est aveugle, ajouta Magali.
— Mon père est mort l’année dernière, avoua Alfred d’un murmure.
— Et le mien quand j’avais six ans, dit la maîtresse.
Sophie s’assit entre Mélanie et Marianne.
— Mon père est sourd, dit-elle d’une voix basse.
— Voilà ! dit Mme Sylvain. Tous les pères et toutes les familles sont différents. C’est tout à fait normal !